8

 

Elle sentit une main la secouer doucement. Elle fit un effort énorme pour sortir du puits sans fond où elle avait sombré. Puis elle se souvint qu’une servante devait la prévenir de la fin de la bataille. Elle ouvrit les yeux et poussa un cri de frayeur.

Ce n’était pas Enid qui était penchée au-dessus d’elle. C’était un homme aux cheveux d’un blond presque blanc et au regard étrange, cerné de noir. Un Saxon ! La bataille était perdue, ils avaient envahi le fort…

Elle reconnut alors Myrddin, le compagnon d’Arturus. Elle s’assit, écartant des mèches de cheveux qui lui tombaient sur le visage.

— Pardonne-moi de t’avoir effrayée, lui dit-il d’une voix apaisante, s’asseyant sur le lit. Je t’ai parlé, mais tu dormais si bien que tu ne m’as pas entendu.

Elle balaya d’un geste ses explications.

— Alors ? interrogea-t-elle.

L’angoisse lui serrait tant la gorge qu’elle ne pouvait rien ajouter.

Le visage de l’homme s’éclaira d’un sourire.

— Que veux-tu savoir, toi qui as donné cette épée à Arturus ?

Eût-elle voulu répondre, il ne lui en laissa pas le temps. Il reprit d’une voix vibrante, ses yeux vairons la fixant fiévreusement :

— L’épée de la liberté a sauvé la Bretagne. Tu as sauvé la Bretagne !

— Ce n’est pas moi, protesta-t-elle. Ce n’est pas moi qui l’ai fabriquée.

— Mais c’est toi qui l’as apportée !

— Et Kian. C’est lui qui la portait. Je n’aurais rien pu faire sans lui !

Myrddin secoua la tête et poursuivit comme s’il ne l’entendait pas :

— J’ai senti le pouvoir de Kaledvour hier, lorsque tu l’as donnée à Arturus. J’ai senti ton pouvoir, aussi ! Tu n’es pas une femme ordinaire, Niniane. Moi non plus je ne suis pas un homme comme les autres. Ne dis pas non ! Je perçois ce genre de choses. Moi aussi j’ai été initié aux mystères de l’au-delà.

Il se tut en la fixant, un sourire étrange flottait sur ses lèvres. Que savait-il d’elle ? Qu’avait-il deviné ? Qui était-il vraiment ? Son intuition lui soufflait qu’il ne mentait pas. Il était différent. Mais que lui voulait-il exactement ? Elle tenta de percer son regard si déroutant. Un œil bleu, un œil noir. Comme si deux êtres cohabitaient en lui. Il était pétri d’ambiguïté, mélange troublant de virilité et de féminité, de gravité et de moquerie. Impossible de lui donner un âge. Le maquillage qui soulignait ses yeux avait coulé, dessinant sur ses joues de longues marques noires qui formaient un masque inquiétant.

Il reprit :

— J’ai vu que tu étais en transe, j’ai perçu la lumière qui émanait de toi. Et j’ai senti la magie de l’épée que tu portais. Malgré cela, je ne voulais pas y croire. J’avais peur de m’illusionner, comprends-tu ? Nous étions au bord du gouffre, prêts à sombrer, et tu arrivais comme un miracle ! Cette épée, c’était mieux qu’une légion venue de Gaule pour se battre à nos côtés. C’était un signe. Le signe qui a redonné aux hommes le courage qu’ils avaient perdu et qui nous a apporté la victoire.

Elle resta silencieuse, assimilant les paroles de Myrddin.

— Celui qui nous a envoyés peut reposer en paix, murmura-t-elle enfin. Il n’est pas mort en vain.

— Qui était-ce ?

— Un barde, comme toi. Et mon cousin. Mais je te parlerai de lui plus tard. Je veux retrouver Kian. Où est-il ? Est-ce qu’il est vivant ?

Le visage de Myrddin se ferma.

— Je l’ai vu se battre. Il n’a pas usurpé le droit d’appartenir à la cavalerie d’Arturus ! Mais j’ignore où il est en ce moment. Peut-être parti à la poursuite des fuyards avec Arturus, Caius et d’autres compagnons. Je n’ai pas attendu que tout soit terminé pour venir te rejoindre.

Elle se leva, remettant de l’ordre dans sa tunique froissée. Elle voulait Kian. Maintenant ! Savoir où il était, comment il allait.

— Je descends dans la plaine, déclara-t-elle.

— Ne fais pas ça ! Le champ de bataille est jonché de morts et de blessés. Ce n’est pas un lieu pour toi.

Il s’était placé devant la porte, comme pour l’empêcher de sortir. Elle s’aperçut alors qu’il portait encore ses vêtements de combat : une cotte de mailles, des braies poussiéreuses et tachées de sang, une longue épée fixée sur le dos, comme Kian portait la sienne. Il était impressionnant, effrayant et possédait une autorité incontestable. Mais insuffisante pour l’empêcher de rechercher Kian.

— Je descends, répéta-t-elle. Accompagne-moi si tu le souhaites, même si je peux m’y rendre seule. Je n’ai rien à craindre des morts et je pourrai peut-être venir en aide aux blessés. Quand j’aurai retrouvé Kian.

— Très bien. Je vois que rien ne t’arrêtera. Je t’accompagne donc. Si tu me le permets, bien sûr ! ajouta-t-il avec ce sourire narquois qu’elle lui avait déjà vu.

 

* * *

 

Ils quittèrent le fort sur le cheval de Myrddin. Il lui avait déconseillé de monter Luna et Azilis, connaissant la nervosité de sa jument, avait suivi son conseil.

Le soleil était haut dans le ciel et la chaleur intense. Ils avançaient au pas, Azilis assise devant Myrddin qui la tenait par la taille comme s’il craignait de la voir tomber. Après le vacarme des combats, le monde semblait avoir retrouvé le calme. Mais le silence était percé par les gémissements des blessés et par les cris rauques des corbeaux qui tournoyaient de plus en plus bas, dans l’espoir de trouver leur pitance.

Les femmes et les serviteurs du fort étaient descendus en nombre. On remontait des blessés, on dépouillait les morts saxons de leurs cuirasses et de leurs armes avant d’empiler leurs corps pour les brûler. S’ils n’étaient pas morts, on les achevait. Les morts bretons seraient bénis puis ensevelis dans de grandes fosses que des hommes commençaient à creuser.

Myrddin n’avait pas menti. C’était un spectacle horrible. Jamais Azilis n’oublierait l’entassement des cadavres, les cris, les plaintes, les entrailles, les membres épars, les blessés se tordant au soleil, les croassements des corbeaux, les rictus des morts. Et, plus forte que la nausée contre laquelle elle luttait, il y avait la terreur de découvrir soudain qu’un de ces corps sans vie était celui de Kian.

Ils passèrent près de deux hommes qui transportaient sur un brancard un guerrier recroquevillé. Azilis croisa son regard, y lut la peur autant que la souffrance.

— J’irai m’occuper des blessés, balbutia-t-elle. Dès que j’aurai retrouvé Kian. Je sais soigner, je veux aider.

— Tu as le don de guérison, fit la voix de Myrddin dans son oreille.

Elle sursauta. Le barde n’avait pas posé une question. Il savait cela d’elle. Mais ce n’était pas ce qui l’avait étonnée. Elle venait de se rendre compte – sans doute parce qu’elle ne le voyait pas – que Myrddin avait la voix d’Aneurin. Cette voix chaude et envoûtante qui l’avait tant séduite.

Elle n’eut pas le temps d’y penser davantage. Son regard s’était arrêté sur un homme étendu sur le dos, la main encore crispée sur une très longue dague à la lame rougie de sang. De sang breton car il s’agissait visiblement d’un Saxon.

Elle tira sur les rênes du cheval et descendit prestement à terre, sans répondre aux questions de Myrddin. Elle s’agenouilla près du guerrier. Il avait reçu dans le ventre un coup d’épée ou de lance et baignait dans une mare de sang coagulé. Elle se pencha, écarta les longs cheveux blonds qui cachaient en partie son visage. Elle avait espéré s’être méprise.

Mais il s’agissait bien du jeune Saxon qui lui avait parlé sur l’oneraria de Sextus Cogles. Sans doute avait-il rejoint l’armée d’Aelle malgré son bannissement.

— Que se passe-t-il, Niniane ? demanda Myrddin. Tu connais cet homme ?

Si seulement Kian était près d’elle ! Oh ! Mais où se trouvait-il donc ? La peur l’empêchait de respirer. Elle fit un effort énorme pour parler.

— Il s’appelle Thorkel.

Alors, comme s’il répondait à son nom, le Saxon remua faiblement la tête. Ses paupières s’ouvrirent puis se refermèrent sur une grimace de douleur.

— Mon Dieu, murmura Azilis, il est encore vivant !

— Plus pour longtemps, fit Myrddin en s’agenouillant près d’elle.

Thorkel souffla quelques mots qu’elle ne comprit pas. Il ne semblait pas avoir conscience de leur présence. Puis ses yeux s’ouvrirent à nouveau et se posèrent sur Azilis, clairs, lucides. Elle retint son souffle. Il tenta de tendre le bras vers elle. Son visage s’était empreint d’une sérénité surprenante. Un fin sourire apparut sur ses lèvres. Sourire incompréhensible, jusqu’à ce qu’Azilis l’entendît prononcer très bas une phrase où résonna le mot « Walkyrie ».

Elle lui ferma les yeux. Thorkel était mort. Elle aurait dû se réjouir, elle ne ressentait qu’une immense tristesse, un sentiment d’absurdité et de gâchis. Elle se releva, découvrit Myrddin qui l’observait sans comprendre. Elle secoua la tête.

— Ce serait trop long à expliquer.

Elle embrassa du regard le champ de bataille, cherchant Kian parmi tous ceux qui étaient là, parmi tous ces cadavres encore chauds, amis et ennemis mêlés. Elle s’interdit de crier son nom, de pleurer malgré les larmes qui affluaient. Elle allait le retrouver. Elle devait laisser son instinct la guider.

Elle continua à pied, fouillant des yeux l’abominable amoncellement de corps, concentrée sur la seule pensée de retrouver Kian, de le retrouver vivant et de s’enfuir avec lui, de se cacher loin de ces yeux ternes et de ces bouches ouvertes sur un silence strident. Son errance lui parut interminable, pourtant, lorsqu’elle aperçut l’homme-ours, le soleil était toujours à son zénith.

Elle vit d’abord un cheval gris affalé sur le sol, la tête levée vers le ciel dans un dernier hennissement, le poitrail rougi par une plaie béante. Puis, non loin du cheval, une tête d’ours aux dents découvertes. Il lui fallut un instant pour comprendre que la tête faisait partie d’une fourrure, laquelle enveloppait un géant qui gisait sur le ventre.

— Qu’est-ce que ce monstre ? murmura-t-elle davantage pour elle-même que pour Myrddin dont elle avait oublié la présence.

— Un berserker, répondit le barde. Ils combattent nus, en transe. Ces démons ne ressentent ni peur ni douleur et massacrent tout ce qu’ils approchent. Je suppose qu’ils sont drogués. Ils se jettent sous les chevaux pour les éventrer au risque de se faire piétiner. C’est ce qui est arrivé à celui-là, sans doute.

Il s’avança avec prudence, retourna le berserker du bout de sa botte. Azilis recula en découvrant le rictus qui déformait le visage terrifiant du mort. Mais l’homme n’avait pas été piétiné. Une dague était plantée dans sa gorge. Seule la garde dépassait. Myrddin eut un rire de joie quasi enfantin, stupéfiant en de telles circonstances.

— Il a trouvé son maître, on dirait, et ce n’était pas un cheval !

Mais Azilis ne l’entendait plus. Les battements de son cœur s’étaient accélérés. Sa gorge était bloquée, ses membres paralysés. Elle avait reconnu l’homme ensanglanté qui gisait sous le berserker…

L'épée de la liberté
titlepage.xhtml
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_000.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_001.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_002.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_003.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_004.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_005.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_006.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_007.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_008.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_009.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_010.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_011.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_012.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_013.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_014.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_015.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_016.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_017.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_018.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_019.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_020.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_021.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_022.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_023.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_024.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_025.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_026.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_027.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_028.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_029.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_030.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_031.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_032.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_033.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_034.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_035.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_036.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_037.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_038.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_039.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_040.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_041.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_042.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_043.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_044.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_045.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_046.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_047.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_048.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_049.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_050.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_051.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_052.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_053.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_054.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_055.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_056.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_057.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_058.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_059.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_060.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_061.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_062.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_063.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_064.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_065.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_066.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_067.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_068.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_069.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_070.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_071.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_072.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_073.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_074.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_075.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_076.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_077.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_078.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_079.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_080.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_081.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_082.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_083.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_084.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_085.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_086.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_087.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_088.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_089.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_090.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_091.html
Guinot,Valerie-[Azilis-1]L'epee de la liberte_split_092.html